L’art gagne à être considéré comme un travail, avec des procédures, des ruses, des conflits, des audaces, des batailles à n’en plus finir.
Jeu avec la perception
Recopiez au crayon lentement, fermement et en détail, l’image ci-dessous (Bataille de San Romano, par Uccello). Mais recouvrez la main qui dessine d’une feuille de papier pour ne pas voir ce qu’elle fait.
L’association de la lenteur, de la fermeté et du sens du détail, imposée au travail de la main, avec la dislocation provoquée par l’exécution à l’aveugle, dégage un effet de style à la fois aléatoire et cohérent. Pour ne pas risquer une dislocation extrême et inutilisable, réalisez un format proportionnel délimité par de l’adhésif, servant à repérer les limites de la feuille et à évaluer au toucher la position de votre trait.
Composition
Après cette étape, reprenez le dessin de visu pour retravailler, en leur donnant plus de tension, les déformations obtenues. Pour cela, analysez les grandes lignes du tableau d’Ucello : déroulement horizontal du tableau / Poussée ordonnée de l’armée victorieuse à gauche / Triangle formé par la lance horizontale, le cavalier renversé, une troisième lance / Compression et chaos dans les lignes de l’armée / Effet théâtral des rideaux de lances à gauche et à droite, s’ouvrant sur un lointain qui paraît paradoxalement fermé / Anatomie des chevaux, volume et perspective monumentalisée, géométrisée.
Graphisme
En vous servant des procédés graphiques de Picasso (découpage, superposition, jeux de valeurs et de trames) vous allez dans cet exercice restituer l’idée de bataille, combinaison de chaos et d’ordre, par des moyens plus graphiques que figuratifs.