Connaître est une entreprise vouée à l’échec, de par la nature même de ce que nous sommes. L’idée de vérité est un piège, la certitude une déraison. L’ignorance seule est notre lot (...) Voilà l’autre côté : celui de la joie de chercher (...) Insurmontable, notre ignorance n’est pas triste. Interminable, elle n’est pas décourageante. Que la vie s’enlève sur fond de non-savoir, d’impuissance à connaître, d’impermanence de toute chose et de toute situation, ce n’est pas là un motif pour cesser de la trouver belle, de la vouloir saisir pleinement, de moment en moment, corps et âme, telle qu’elle est : fugitive, humble, superbe.
Au cours des stages de cet été, différents sujets et techniques de peinture ont été abordés jour après jour. Un premier sujet a été le point de départ d’une série de peintures, sur des énoncés chaque jour différents mais reliés les uns aux autres. À partir d’une idée lancée le premier matin, chaque matin suivant a vu arriver une nouvelle proposition complémentaire de ce qui avait été créé la veille. La composition d’une peinture tient compte de ses équilibres internes, mais aussi de la relation avec celles qui l’ont précédée. Son format est défini par sa surface, mais aussi par le temps de son élaboration. De l’instantané à la durée, du hasard au contrôle, le temps et l’inattendu sont aussi des matériaux dont chaque peintre doit savoir se servir.
Début du compte-rendu, en textes et en images, des stages de l'été 2020
Jour 1 — Dimanche 5 juillet 2020
Imaginez de percevoir le monde qui nous entoure en vous appuyant sur une nomenclature qui classe le réel en catégories de natures différentes mais présentant des points communs : par exemple, une vache et une table appartiennent au genre de ce qui a quatre pieds. Une pie et un damier au genre de ce qui est noir et blanc. Un nuage et une tache de peinture au genre des formes variables et indéterminées. Une infinité d’autres couples sont possibles : un objet et son ombre. Un fil de chargeur ou d’écouteur et un signe calligraphique. L’intervalle entre deux objets ou l’intervalle entre deux signes d’écriture.
Créez une composition sous la forme d’un alignement de dessins mettant en relation des éléments hétérogènes ainsi associés, mais réunis par le schématisme de leur représentation et l’égalité de leurs dimensions. D’abord au crayon, puis au couteau, noir sur blanc.
La conclusion de la peinture, à partir de ces préliminaires, est libre de s’orienter vers une composition dont l’origine s’est perdue, ce qui n’est pas grave puisque le but de ce sujet est de générer de l’inattendu.
Dans les pages lointaines de certaine encyclopédie chinoise intitulée Le marché céleste des connaissances bénévoles, il est écrit que les animaux se divisent en a/ appartenant à l’empereur, b/ embaumés, c/ apprivoisés, d/ cochons de lait, e/ sirènes, f/ fabuleux, g/ chiens en liberté, h/ inclus dans la présente classification, i/ qui s’agitent comme des fous, j/ innombrables, k/ dessinés avec un pinceau très fin de poils de chameau, l/ et caetera, m/ qui viennent de casser la cruche, n/ qui de loin semblent des mouches.
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