Peignez n’importe quoi, puis passez tout sous le jet : il en restera toujours des traces. Or les traces laissées par le n’importe quoi sont parfois plus intéressantes que le n’importe quoi lui-même. Cela dit, les différentes techniques de délavages peuvent aussi se pratiquer sur des compositions bien construites comme dans les 3 exemples ci-dessous (illustrations : Bruno Le Sourd).
Sur une surface de préférence imperméable (papier enduit de gesso ou de liant acrylique), brossez un signe simple. Pour vous entrainer, vous pouvez reproduire par exemple des signes d’écriture latine, arabe, chinoise… De façon à disposer d’une forme complexe mais pas trop, qui servira de support à votre exercice. Tracez ce signe avec une brosse à poil dur (illustrations 1 et 2) ou un pinceau souple (illustration 3), avec la ou les couleurs de votre choix, du moment que cette couleur contraste avec le fond (évitez un jaune sur un blanc). Puis, quand la couleur est à demi sèche, délavez-là : soit directement sous le robinet, soit en passant une éponge propre et humide, soit un pinceau doux et mouillé. Il ne reste que les contours du signe tracé, et les sillons du passage de la brosse. Ces lignes de couleur laissées par le délavage ont une finesse et une dynamique qu’il serait difficile d’obtenir en les dessinant au pinceau. Il est important de délaver ni trop tôt (on enlève tout) ni trop tard (l’acrylique reste complètement en place). La peinture doit être d’une épaisseur modérée pour que le délavage ne libère pas trop de jus coloré sur le reste du papier (et pour ne pas gâcher trop de peinture). Et cette épaisseur doit être constante pour que l’effet obtenu soit homogène.