« On a cru longtemps le Sahara tout grouillant de monstres la variété & multitude desquels on attribue à la faute de l’eau, estans par ce forcés toutes sortes de bestes se rencontrer aux plus prochains fleuves pour y estancher leur soif : Basilics, Lions du désert, sauvages & nuisibles à tous autres, d’autant qu’ils sont plus dispos, cruels et animez, Léopards, Elephants, Dragons, très gros et fort pesants et qui poursuyvent comme ennemis ces grosses bestiasses, serpents énormes à qui l’herbe pousse sur le dos, Hydres, d’un âpre et mortel venin, Aspics, Scytales, Cenchris, Guaral, venimeux à la tête, & à la queue, lesquelles deux parties les Arabes luy taillent pour manger le reste, Thores engendrez du loup et de la Hyène, Dant fort léger à la course, tellement qu’autre animal ne s’y pourroit à lui parangonner, etc. »
Ce texte à la langue savoureuse est une invitation à redécouvrir la fraîcheur du regard qu’une trop précise documentation animalière peut nous faire perdre. « Quand on voit, on n’imagine plus » disait Jean Giono. Ces mots aux évocations puissantes, et ces tournures que le temps a rendues exotiques, vous allez vous en servir pour créer dessins et peintures :
Sur une feuille, vous créez des découpes évoquant sommairement : oiseaux / animaux des champs, bêtes sauvages, reptiles / monstres des mers, poissons, coquillages, mollusques. Pour réaliser des dessins à partir de ces généralités, utilisez la logique suivante : n’accordez qu’une minute à chaque dessin, ne portez pas de jugement sur leur qualité esthétique, mais faites en sorte que, sans légende, on puisse identifier leur sujet. Le côté nécessairement simpliste de ces dessins sera enrichi par les hasards des procédés picturaux mis en œuvre.
Vous préparez ensuite deux fonds : une première feuille avec des morceaux de papier imprimé, collés au gesso, de façon dispersée, puis arrachés. Une deuxième feuille avec une enduction irrégulière de gesso. Vous laissez sécher ces fonds.
Vous mouillez le premier fond de façon irrégulière, et posez dessus la découpe figurant schématiquement les différents animaux. Vous badigeonnez de couleurs variées l’ensemble de la feuille découpée, pour colorer par pochoir la feuille du dessous. Et vous appliquez aussitôt le deuxième fond sur ce badigeonnage de couleurs pour en recueillir des traces.
Les formes sommaires de la découpe sont reportées, enrichies par les débordements et impressions de couleur, sur les deux fonds. Au pinceau, vous finalisez ces formes colorées pour suggérer des animaux imaginaires.
2 peintures d'Agnès Giudici-Nicolas
2 peintures d'Elisabeth Menir
3 peintures de Françoise Le Hénand
2 peintures de Geneviève Buchon
2 peintures de Geneviève Hily-Mane
5 peintures de Gisèle Dubois
2 peintures de Kati Kukkasniemi
2 peintures de Lucienne Cywier
Vous sélectionnez un détail dans chacune de vos deux peintures du sujet précédent. Vous agrandissez ces deux détails au format raisin : dessin au crayon, fond de gesso, lavis, frottages, délavages, et autres techniques sèches ou humides, employées en associant hasard et précision.
2 peintures de Christophe Assémat
2 peintures de Frédérique Melca
2 peintures de Janine Bailliez
2 peintures de Ladin Sabras
2 peintures de Madeleine Gautier-Brun
3 peintures de Sylvie Bresson
2 peintures de Yolande Bernard
Puis vous créez une troisième peinture, considérée comme un chaînon manquant entre les deux autres. Ce principe du chaînon manquant peut se développer aussi en plusieurs peintures.
3 peintures de Christophe Assémat