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Dans sa peinture comme chez soi

19 Mars 2020, 11:22 Figurations Publications

 

An -5 avant le confinement. 

Des idées pour bien vivre et tirer profit en peinture de cet évènement inédit, c'est ce que je vous propose de trouver dans l'article ci-dessous, reprise mise à jour d'un article publié en mars 2015, soit en l'an -5 avant le confinement.

L’invisible, à l’intérieur du visible

Pourquoi un peintre va-t-il avoir envie de figurer une chaise, un coin de fenêtre, un rayon de soleil qui trace une ligne sur un tapis ? Ou une personne assise dans un fauteuil et plongée dans un livre ? Peindre une scène d’intérieur, c’est beaucoup plus que s’attacher à la représentation de tel ou tel objet ou figure. Dans ce genre de composition, le plus important est invisible. D’où la difficulté : comment donner à voir le silence, l’atmosphère, les pensées informulées qui traversent un esprit. Sans doute qu’une chambre, un salon, ou n’importe quel lieu clos où l’humain a laissé sa trace, est le reflet, ou l’écho de ce que chacun garde en soi sans l’exprimer explicitement. Et le peintre, un peu médium sur les bords, peut révéler par son art ce que les mots ne sauraient dire. On croit peindre un fauteuil, une table, un bouquet de fleurs. Et l’on peint la présence, ou l'inquiétude, ou la joie, ou la paix.

 

Illustration : peinture de Zygmunt Siegelbaum
 

Dans sa peinture comme chez soi

Un tableau est un espace clos et intime où l’artiste peut œuvrer sans craindre les regards extérieurs, jusqu’au moment où il pourra les inviter.
 
Parfois, cela fait du bien de se libérer du tumulte des informations, d’oublier un moment la pesanteur du confinement, de se laisser aller à rêver simplement, devant les objets, les lumières, les couleurs, les matières autour de soi. Et vient alors l’envie de peindre. Peindre une scène d’intérieur permet de produire une sensation de recueillement apaisant. La peinture est affaire de dessin, de couleur, de composition, il y faut du travail et de l’attention. Mais pourtant, comme l’écrivait Chirico, «ce qui se regarde bien ne se regarde que les yeux fermés.» Pour restituer une atmosphère, les sentiments fluides qui la traversent dans un de ces moments où le vaste monde et ses menaces restent à la porte, le peintre ne peut pas se contenter d’un regard objectif sur les choses qui l’entourent. Comme un acteur qui, endossant les sentiments d’un personnage dans un rôle donné, finit par les ressentir vraiment le temps d’une représentation, l’artiste doit éprouver comment une couleur n’est pas seulement bleue, rouge ou jaune, mais aussi confortable, mélancolique ou rêveuse ; comment une ligne n’est pas seulement juste et bien proportionnée, mais aussi caressante, inquiète ou sereine. L’espace d’une toile est un espace intime comme celui d’une maison. Cela signifie que, le temps de peindre, on doit «faire comme chez soi», sans craindre les moments de cafouillage et de ratage. Ce n’est qu’après, si on veut montrer son tableau, qu’on peut y mettre un peu d’ordre, de finition, comme on fait le ménage en attendant le moment où l'on pourra à nouveau recevoir des invités. Et là, on a quelque chance d’y trouver, en plus du savoir-faire, ce petit quelque chose en plus qui vient du vécu.

Texte extrait de "Peindre en liberté n°5, la figuration créative"

230 pages 21 X 29,7 cm - Recueil de textes d'Yves Desvaux Veeska, publiés dans Artistes magazine de 1997 à 2015.

Une lecture bienvenue en temps de confinement !

 

Retrouvez aussi toutes les idées de peintures publiées sur ce blog :
Peintures réalisées en cours - Peintures réalisées en stage.

Dans sa peinture comme chez soi

Cours de peinture en ligne

Rappel : je propose aux personnes inscrites à mes cours de peinture à La Garenne ou à Paris de poursuivre notre atelier en ligne : modalités sur cette page.

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commentaires
D
Merci Yves pour procurer à l'art cette capacité à sortir des "confins" de l'exercice !
Répondre

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