Ce que fais m’apprend ce que je cherche.
C’est ce que je trouve qui me renseigne sur ce que je cherche.
- Préparez 4 feuilles. Enduisez de gesso la première, et appliquez-la sur la seconde. Repassez du gesso sur la première feuille avec des coups de brosses structurés, des raclages et des griffures, de façon à obtenir deux premiers fonds à la structure typée et différente. Recouvrez la troisième feuille d’une couche de peinture noire. La quatrième reste vierge pour l’instant.
- Pour la première feuille (fond de gesso) après séchage, préparez un mélange pigment / liant / eau d’une couleur terre foncée. Préparez aussi un seau d’eau. Tracez au spalter, en larges traits et dans l’ordre que vous voulez : 2 signes « + », 1 flèche, 1 grille, 2 parenthèses. De façon à occuper avec ces signes l’ensemble de la feuille. Laissez partiellement sécher, puis projetez violemment un seau d’eau dessus. Répétez la même opération sur la deuxième feuille, après observation du premier essai.
- Sur la feuille peinte en noir, déposez des caches reproduisant les signes proposés. Jetez dessus avec force un blanc acrylique liquide pour obtenir une vive éclaboussure dans le cœur de laquelle les caches laisseront des réserves, avec des débordements.
- Sur la quatrième feuille, un dessin au trait et au crayon sera fait, pour reproduire au plus près une de ces compositions.
- Puis finition au pinceau et en couleur de chaque étude, sur ces bases associant tachisme, structure et dessin d’imitation du hasard.
Je ne cherche pas, je trouve.
Demain, vous referez tout cet exercice en faisant varier :
- Forme et nombre des caches
- Manière de les utiliser
- Façon de projeter la couleur (quantité, densité, choix et nombre des couleurs)
- Façon de projeter l’eau.
Lundi 12 juillet 2010 - Jour 2 – Le cadre
Délimitez sur une des compositions d’hier, par un périmètre simple et lisible, une surface d’environ 500 à 1000 cm2. A l’intérieur de ce cadre, sans rien changer à la structure des formes présentes, vous allez les traiter avec force détails et raffinements, comme s’il s’agissait d’une miniature précieuse. Travaillez au pinceau fin, avec des couleurs vives et nettes. Augmentez les contrastes : valeurs, graphismes, teintes, etc.
Le cadre détermine l’autonomie de la peinture. On passe d’un regard à une contemplation.
Pour qu’une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps.
Mardi 13 juillet 2010 - Jour 3 – Chaos et ouverture
Dans une feuille vierge, réservez une surface qui la traverse comme une faille. De part et d’autre de cette faille, collez solidement des matériaux hétéroclites (carton, débris végétaux, graviers, petits objets). Le collage doit avant tout être solide, en relief mais pas en volume (maxi 3 mm d’épaisseur), et uniformisé par une couche de mortier, lui-même recouvert de peinture noire, puis de liant acrylique. Par-dessus cette première couche, vous pouvez rajouter de l’outremer foncé, puis du rouge de mars, avant de frotter la surface pour obtenir un effet de patine (au choix, éponge humide sur surface quasi sèche ; papier de verre fin ou laine d’acier ultrafine sur couleurs tout à fait sèches.)
Quand ce chaos de matériaux, figé et unifié par les couches de peinture, est arrêté, vous enlevez le papier qui réserve la faille et peignez dans la surface découverte soit des motifs décoratifs géométriques et réguliers, soit une autre proposition jouant le contraste et la rupture.
Le chaos, mot grec, signifiait paradoxalement à l’origine : ouverture et abîme, c’est-à-dire libération.
Mercredi 14 juillet 2010 - Jour 4 – Couleur, forme, lumière
Choisissez un accord de deux couleurs principales, + une couleur secondaire. Créez une composition abstraite peu matiériste, en vue d’extraire un maximum de nuances dans chacune des couleurs que vous avez choisies (en pensant à Estève, Poliakoff, Rothko ?...).
- Nuances de la couleur elle-même (teinte, intensité)
- Nuances par : effet de touche / dilution ou concentration / étendue / contour / relation au voisinage / superpositions / actions physiques sur la couleur (frottage, patine, délavage, superpositions…)
- Texture : fond de gesso, ou de liant acrylique, ou de papier collé / arraché, ou de mortier ; ou papier nu.
Option : pour les deux formes destinées à recueillir ce travail sur la couleur, choisissez des géométries existantes, dessinées par des stylistes, et que l’on n’observe jamais car elles ne sont pas considérées comme des objets esthétiques. Par exemple, des feux de voiture. Reprenez le contour de ces formes, autant que leurs lignes internes. Votre composition se détachera sur le blanc de la feuille, qui devra rester parfaitement blanc.
J’aime mieux regarder que penser.
Jeudi 15 juillet 2010 - Jour 5 – Adam et Eve
Le sujet d’aujourd’hui est : Adam et Eve.
L’approche est : représentation schématique par assemblage de formes existantes puisées dans la réalité.
Dessin à la main gauche.
Klee, le peintre, s’imposait de dessiner avec la main gauche durant la journée pour être inhabile et enfantin, imprévisible.
Les êtres humains sont séparés en deux. L'esprit est attiré par de nobles aspirations comme la poésie et la philosophie. Tandis que le corps se tape tout le côté amusant.
Peinture et collage de Catherine Rostan, monotype de Jeanne Salfati-Valentin (cliquez pour agrandir)
Vendredi 16 juillet 2010 - Jour 6 – Rythme et désinvolture
Reprise du dessin de la veille, en le réorganisant, en le rythmant autrement, en l’épurant.
Travail entièrement graphique pouvant être envisagé dans les formes de la peinture aborigène, aussi bien qu’en pensant à Klee, Miró, Chaissac ou Keith Haring : traits, aplats de couleur, surfaces texturées par effets de touche, éventuellement délavages et patines ponctuels.
Option : créez sur votre feuille, à la règle ou à la main, une grille de 10 X 10, pour une répartition mieux rythmée des formes à assembler.
Un jour peut-être, je me laisserai gagner par la légèreté et, pourquoi pas, par la désinvolture.
L’inspiration : l’attente de ce qui m’attend pour naître.