Chapitre VI. C - Exercice n°132- 09/1997
Quand on parle de « peindre le mouvement », on traduit souvent par « peinture mouvementée ». Pourtant, quand on est peintre, on n’est pas toujours quelqu’un d’agité. Le mouvement peut être lent et posé. J’ai le souvenir d’un film qui montre un peintre ayant planté son chevalet devant un oranger et s’appliquant tranquillement, heure par heure, jour après jour, à peindre le mouvement de la lumière, le lent développement des bourgeons, des feuilles et des fruits sur son arbre*. Tentez l’expérience. Choisissez un sujet retenu, au développement aussi paisiblement inscrit dans la durée, par exemple ce que vous voyez de votre fenêtre : chaque jour, avec les variations du temps, les déplacements des personnes et des choses, rien n’est jamais pareil. Dessinez régulièrement, sans changer de toile plusieurs semaines d’affilée, tout ce qui passe et change dans le cadre que vous avez circonscrit. Peignez chaque variation en transparence, au moyen de glacis. Vous avez là le moyen d’interpréter le plus beau des mouvements, le mouvement du temps.
*Le songe de la lumière, film de Victor Erice et Antonio Lopez (le peintre)
(Ce texte, extrait de Peindre en liberté n°2, est aussi paru dans Artistes magazine n°69)
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