Dans la tradition chinoise, le beau n’est pas une notion fondamentale ; en revanche, l’idéal artistique et esthétique est le « naturel » (ziran), c’est-à-dire ce qui advient sans cause ni raison ; celui-ci se manifeste dans le Yiheming par la simplicité et la maladresse du tracé, qui semble s’incarner de lui-même comme une empreinte ou une nervure dans la roche. Le « naturel » recouvre à la fois une attitude de vie, détachée des contingences matérielles et sociales, et un idéal esthétique, qui implique une réalisation sans effort, résultant de la saisie du principe et de l’énergie animant l’univers : la création est le résultat, non d’une volonté, mais de l’action du Tao en l’artiste, sans que ce dernier intervienne, sinon en étant disponible.
Sur un fond dans la matière de votre choix, interprétez cette photo d’arbres sans pinceau pour commencer, uniquement avec des coulures de peinture. Ces coulures sont faites en plusieurs temps, pour qu’elles n’aillent pas toutes dans le même sens. Après cette mise en place, soumise aux lois de la gravité appliquées à un liquide épais sur une surface, votre pinceau reprendra ses droits.