Le grave est la racine du léger, le calme est le maître du mouvement.
Ne cherchez pas une corrélation claire et nette entre les images et les textes : chaque participant au stage n'avait pas pour objectif d'illustrer les sujets proposés, mais d'inventer sa propre peinture à partir de la circulation des idées, des techniques et des sensibilités en présence.
(Réédition mise à jour du programme du stage de printemps 2010.)
Jour 1 - Organiser le combat
Comme souvent dans les sujets de peintures que je propose, aucun thème figuratif ou expressif n’est arrêté : il s’agit juste de mettre en œuvre des processus techniques sans savoir où l’on va. En réalité, toute action picturale décrite simplement par des données de format, de matière, de gestuelle, etc, en dehors de tout dessein explicite, capte la sensibilité de chacun comme le paratonnerre capte l’éclair. Et le résultat est souvent bien plus juste qu’une peinture chargée dès le départ d’intentions trop voyantes.
- Vous préparez deux feuilles (ou deux demi-feuilles si vous êtes à l'étroit chez vous), verticales, avec un fond de gesso sur l’une, que vous pressez sur l’autre.
- Après séchage du gesso, vous fixez provisoirement sur la feuille 1 un cache de papier ayant une forme géométrique simple (croix, polygone, anneau…), occupant le bas de la feuille,
- Sur la feuille 1, vous raclez vers le bas une large trace de couleur(s), solide et pâteuse.
- Sur cette même feuille, vous versez de la couleur liquide, du bas de la feuille vers le haut, dont le surplus s’écoule sur la feuille 2.
- Le cache de papier, sur lequel de la couleur a été raclée, est pressé sur la feuille 2 pour produire une empreinte.
Cette composition met en jeu des différences physiques dans la manière de poser la couleur (racler avec force vers le bas, ou laisser couler vers le haut). Des différences formelles (aléas des couleurs / géométrie d’une forme). Des répétitions avec variantes (forme en réserve servant à produire une empreinte monotype). Toutes ces forces opposée ou complémentaires ont leur raison d’être : éviter le risque de l’abstraction informelle et passe-partout, l’effet de matière gratuit. Organiser le combat entre le hasard et le contrôle pour qu’il ne tourne pas à la bataille de chiffonniers.
Après l'exécution des données proposées, la peinture est poursuivie à vue, selon la vision qu'elle a fait naître.