L’imaginaire n’est jamais, et n’a pas à être, quelque chose qui s’ajoute au réel, s’oppose à lui, le contredit ou l’estompe. C’est toujours la réalité elle-même qu’il faut rendre imaginaire.
Pour qu’une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps.
Jour 4 — Mercredi 20 juillet 2016
En cette journée de milieu de stage, il est proposé soit de terminer les sujets des jours précédents, soit d’en tenter deux autres correspondant à deux genres opposés :
Patience : dessin d’observation détailliste
Définissez un très petit format de 10 x 13 cm au centre de votre feuille de 50 x 65 cm.
Choisissez un point de vue dense en formes et en plans successifs, mêlant chaotiquement plusieurs aspects du réel. Par exemple, une table avec des pots de peinture, des taches, des chiffons, un bout d’œuvre en cours, des outils, des textures ; et en arrière-plan une fenêtre, les reflets sur les vitres, ce qu’on voit derrière la fenêtre ; les intervalles entre chaque chose.
Ne cherchez pas de grandes lignes ni de structure. Dessinez directement à la plume ou au feutre, sans ébauche au crayon.
Dessinez à partir d’un détail, sans soucis des erreurs de forme, de proportion, de position, et rayonnez autour de ce détail.
Procédez simplement par accumulation méthodique. C’est le systématisme du procédé qui définit et légitime le dessin, au-delà des erreurs de représentation.
Après avoir rempli le 1er cadre de 10 x 13 cm, définissez un cadre concentrique, et continuez le dessin avec le même principe d’observation et d’exécution. Procédez ainsi jusqu’à remplir la feuille. Quand celle-ci sera remplie, prévoyez d’autres feuilles autour pour agrandir votre dessin à l’infini (si possible).
Energie : peinture au raclage structuré
Inspirez-vous de la composition créée à partir du journal (jour 3), et réinterprétez-la en format agrandi sur deux feuilles successivement, au moyen d’un procédé de raclage :
Disposez des noisettes de couleur correspondant à la répartition des teintes et des motifs de votre modèle. Ne disposez pas vos noisettes de couleur tout à fait au hasard, mais pour chacune, efforcez-vous de visualiser la façon dont elles vont s’étaler, où et comment.
Raclez ces couleurs d’un seul geste, sans revenir en arrière pour garder la fraîcheur des traces, avec des racloirs de largeurs différentes. Vous pouvez racler avec des couteaux à peindre, mais aussi des règles, des cartes plastifiées, des peignes, des cartons rigides, etc.
Etalez sur une 2e feuille les restes de couleurs récupérés sur vos outils, en reprenant le même schéma de composition.
Ce sujet associe l’énergie brute du raclage avec la rigueur d’une construction par assemblage de rectangles (le journal pris pour modèle doit avec une mise en page structurée dans ce sens pour que le résultat soit pertinent).