Il faut porter en soi beaucoup de chaos pour donner naissance à une étoile qui danse.
Début du compte-rendu, en textes et en images, du stage de printemps 2022
Jour 1 — Dimanche 24 avril 2022
- Prenez une feuille, format 50 x 65 cm, format vertical.
- Masquez (réservez) par un cache une grande forme ovale, entourée de 3 petits caches : 2 ronds, 1 rectangulaire.
- Sur l’ensemble de la feuille, y compris sur les caches, accumulez un chaos d’effets de matière : transferts, raclages, coulures, empreintes ; en couleur ou en noir et blanc.
- Enlevez les caches, et collez-les sur une 2e feuille, qui servira de point de départ pour la « peinture en six jours ».
- Sur la 1ère feuille, la suite de la composition est à inventer selon le point de départ obtenu.
🔶
Quelques réalisations
Le chaos d'effet de matière a tout simplement été recouvert de noir, ainsi qu'un rond et un rectangle qui ne trouvaient pas leur place.
Mais ce noir est enrichi par ce qu'il recouvre.
La composition parait simple, mais elle est née de façon tortueuse, à partir d'un exercice radical de désencombrement.
À l'inverse, le parti pris ici a consisté a en rajouter dans la profusion de formes et de couleurs, le mélange des genres (graphisme, collage relief, dripping...)
Voir l'artiste Frank Stella
Ici, les formes géométrique se sont affranchies de l'abstraction pour former deux yeux, un bouche, une oreille. Une tête qui crie : je ne veux pas être une peinture abstraite !
Le choix ici a été de créer un contraste entre le chaos de couleur à l'extérieur des caches, et les mêmes couleurs, mais dans des formes géométriques, à l'intérieur.
Pour compenser la relation difficile entre des couleurs vives au départ, mais brouillées par les mélanges chaotiques, et les couleurs vives posées ultérieurement en aplats dans les caches, des contours noirs ont été rajoutés.
Le grand cercle bleu aux nuances changeantes a permis de relier entre eux des caches à la disposition éparse. Dans l'ovale, des couleurs plus vives et une découpe anguleuse font contraste avec les rondeurs dominantes.
Une ligne d'écriture imaginaire qui se retrouvent dans d'autres peintures de Maryline font le lien avec elles.
Un curieux mélange d'effets d'apparence organiques et d'éléments géométriques confèrent une étrangeté bienvenue à cette composition.
L'utilisation de transferts en arrière-plan, autour des caches, a provoqué des réactions variées : friselis des coulures, bavures sous les caches produisant des nuances subtiles dans les contours et la matière des noir-blanc-gris.
Le chaos à l'extérieur des caches a envahi aussi l'intérieur. Après une période de confusion, l'application d'une empreinte de blanc sur l'ensemble de la feuille a permis de réintroduire un peu de clarté. Puis des traits noirs rigides mais pas trop, continus mais pas trop, des reprises de couleurs plus cadrées, ont permis de conclure une composition structurée mais sans raideur.
L'opposition chaos / formes géométriques est ici nuancée de plusieurs manières :
Par l'introduction de lignes géométriques au sein du chaos.
Par la verticalité commune aux raclages et aux aplats.
Par l'effacement partiel du contour de l'ovale qui accompagne la division entre les deux parties à dominante ocre ou bleu.
Les 4 formes basique, ovale, ronds, rectangle, sont ici particulièrement bien reliées, composées, organisées, donnant à voir une forme abstraite et pourtant très expressive, fermement dessinée, dont l'expressivité est soulignée par un accord percutant noir-blanc-rouge, habilement nuancé par des touches d'autres couleurs issues des collages sous-jacents.
Le chaos d'effets de matière, en arrière-plan, s'est avéré d'emblée très organisé. Ou peut-être explosif plutôt que chaotique. Mais l'impact visuel est là, le contraste étant moins entre ordre et désordre qu'entre la netteté des formes et la dislocation des mots, contraste soutenu par les oppositions tranchées de couleur et de valeur.
Les découpes sages des caches se détachant sur le chaos du fond sont enrichies par les aplats de couleur qui délimitent de nouvelles formes blanches, dont le profil aléatoire répond à ce chaos qui les environne.
À partir de donnée aussi neutres que "un ovale, un rectangle, deux ronds," il est possible de produire une composition qui échappe à toute neutralité. Collages informels et fermeté des traits, laisser-aller des coulures mais sous contrôle, du noir, du blanc, des oppositions maitrisées, tout est là.
🔶
De la peinture en six jours à la peinture en six semaines
La peinture en six jours : au cours du stage, un sujet n'est pas donné d'emblée, mais chaque étape de sa réalisation est proposée jour après jour, inventée chaque matin en fonction des interprétations réalisées le jour précédent. Le temps, et l'incertitude quant à la suite des propositions à venir, deviennent des éléments constitutifs de la composition.
Sur le blog, vous retrouverez ces six propositions étalées sur 6 semaines. À la fin de cette publication, les compositions réalisées en six jours au cours du stage seront publiées ici. Mais vous pouvez imaginer une variante : en commençant aujourd'hui, et en attendant chaque mercredi la suite des propositions, vous transformez cet exercice en "peinture en six semaines". En sachant que c'est justement l'étalement d'une peinture dans la durée qui en fait la singularité.
À la fin de cet exercice, vous pouvez envoyer la photo de votre réalisation pour enrichir la collection :
yvesdesvauxveeska (@) orange.fr
Peinture en six jours 1/6 — collage sur une feuille 50 x 65 cm des 4 caches de l'exercice ci-dessus, remplis d’effets de matière.