Mais au nom de quoi l’homme se pare-t-il de colliers de coquillages et pas de toiles d’araignées, de la fourrure des renards et non de leurs tripes… La boue, les déchets et la crasse, qui sont à l’homme les compagnons de toute sa vie, ne devraient-ils pas lui être bien chers… Voyez comme les petits enfants regardent dans les ruisseaux et les débris et y trouvent mille merveilles.
Dans une poubelle d’atelier ou d’ailleurs, on trouve beaucoup de formes et de couleurs. Et pourquoi n’auraient-elles pas droit à notre attention ? Dans le triptyque de Martine Lucy ci-dessous, les déchets récupérés ont commencé par être collés tels quels, puis observés et dessinés avec soin comme s’il s’agissait du relevé d’un fragment remarquable du réel (c’en est devenu un !). La mise en couleur a été amorcée et délibérément arrêtée pour jouir du contraste trait / couleur, fait / à faire. La troisième composition est en fait le recouvrement de la première par un papier de soie puis un épais mortier pour donner une sorte de micro sépulture à ce fragment du réel. Un damier de couleur vive s’installe au-dessus, où circulent des formes noires aux contours fermes. Une nouvelle génération de formes et de couleurs vit ainsi sa vie par-dessus celles du passé, dans son style propre, comme dans la vraie vie les générations se succèdent, s’appuyant les unes sur les autres avant de s’effacer pour les suivantes.
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