Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d’entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, ce que vous comprenez… Il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même.
Au cours d’un stage, différents sujets et techniques de peinture sont abordés jour après jour. Un premier sujet est consacré à une création qui se développe au long de la semaine. Un second sujet est le point de départ d’une autre série de peintures, sur des énoncés chaque jour différents mais reliés les uns aux autres. À partir d’une idée lancée le premier matin, chaque matin suivant voit arriver une nouvelle proposition issue de ce qui a été créé la veille. La composition d’une peinture tient compte de ses équilibres internes, mais aussi de la relation avec celles qui l’ont précédée. Son format est défini par sa surface, mais aussi par le temps de son élaboration. De l’instantané à la durée, le temps est un matériau dont chaque peintre doit savoir se servir.
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Dimanche 28 avril 2013 – En pays inconnu
Vous commencez une peinture avec les données suivantes : vous arrivez en pays inconnu. Dans ce pays dont vous ne parlez pas la langue, on vous demande de donner une idée du genre de peinture que vous avez fait, la dernière fois que vous en avez fait. Mais ce pays ne connaît pas la couleur, seulement le mortier. Donc, pour commencer, vous modelez dans cette pâte les formes, les traits, le souvenir de votre peinture en monochrome et en relief. Si vous avez besoin de représenter des formes construites, vous pouvez découper et coller des morceaux de carton à recouvrir ensuite de mortier. Vous préparez ensuite, sur une autre feuille, un fond noir. Quand votre mortier est sec, et le fond noir aussi, vous enduisez votre composition en relief de gesso pour en faire l’empreinte sur le fond noir. Avec le résultat obtenu, qui peut apparaître comme un écho lointain de votre peinture antérieure, vous revenez en pays connu pour conclure cette composition dans le langage pictural qui vous est familier, ou en tout cas compréhensible.
La beauté arrache sans cesse des éléments à la surface inerte de l’inconnu.
Lundi 29 avril 2013 – Simplifier
Si la structure force l’imagination à entrer dans une nouvelle poétique, alors on est, en effet, en pays fertile.
Sur une feuille blanche, vous réalisez un dessin à gros traits s’inspirant de votre composition de la veille. Ce dessin traite avec autant d’importance les effets de matière que les contours des formes principales, cassant la hiérarchie des grandes lignes jusqu’aux simples hachures. Il est réalisé avec l’outil de votre choix : brosse, marker, etc. Trois options sont proposées pour exploiter ce dessin :
- Il sert à restructurer la peinture de la veille.
- Il reste un objet graphique indépendant.
- Il sert de support à une nouvelle peinture considérée comme une schématisation / simplification / mise au point de votre peinture de la veille.