Pour tout ce qui conceme le jeu, c'est au travers des exercices que cela se passe, autour d'un principe élémentaire : entre le sujet à traiter et le peintre, introduire des obstacles qui visent à casser la routine des itinéraires entre ce sujet, l'œil et le cerveau.
En voici un exemple simple, presque caricatural : le dessin à l'aveugle, qui consiste à dessiner en observant minutieusement, scrupuleusement, le sujet, mais en se masquant la feuille sur laquelle on trace, avec le plus grand soin, son dessin. J'ai vu obtenir ainsi des résultats inventifs, fins, drôles, légers, produits par le décalage inhabituel et subtil entre la rigueur attentive du tracé et son absence de contrôle par l'œil.
Le jeu entre les sens et le sens suppose bien sûr qu'on ne confonde pas l'approche artistique avec l'approche utilitaire. Dans le second cas, il s'agit de réaliser un dessin identifiable selon des nonmes académiques et documentaires pour correspondre à une commande fonctionnelle. Dans le premier cas, on cherche à réveiller les capacités enfouies qui sont à la base de l'activité créatrice, pour produire des œuvres qu'aucune autre personne, même en faisant des études identiques, ne saurait produire à notre place.
Ci-dessous, 3 dessins à l'aveugle :
1 - Thierry Pilorge : Portrait de groupe, un stage dans l'atelier d'Yves Desvaux Veeska.
2 - Claude Guédan : Peintre à son chevalet dans son atelier
3 - Bruno Chaudière : Une maison vue par transparence