A côté de l’histoire officielle de l’art, de grands artistes ont révélé d’autres voies possibles : Picasso a donné ses lettres de noblesse à l’art naïf en soutenant le Douanier Rousseau. Jean Dubuffet a inventé le concept d’art brut. Il existe aujourd’hui un nouveau vivier d’artistes : les anonymes
Les naïfs aspirent à se conformer à des règles académiques mais à leur insu font bien mieux grâce à l’étrangeté méticuleuse de leur maladresse alliée au plus intime sens poétique. L’art brut est tout autre : ceux qui en font ne cherchent pas à faire de l’art et ignorent qu’ils en font. Il s’agit de marginaux qui produisent des formes artistiques sans les considérer comme telles. Dans l’art naïf et dans l’art brut, on trouve les mêmes pointures d’artistes : du petit maître au très grand, comme dans les autres formes d’art, par exemple dans l’art anonyme.
Les artistes anonymes ne sont ni naïfs, ni bruts , et ils ont même un nom comme vous et moi. Mais justement, c’est peut-être vous et moi. Seulement ce nom n’est pas connu, d’où cet anonymat. Or, de même qu’on trouve dans les faits divers des héros chez les employés de bureau, les mères de famille ou les experts comptables, on peut aussi trouver parmi eux de grands artistes cachés.
C’est à eux, à vous, à nous que ce livre s’adresse. Aux artistes anonymes présents et futurs qui ont, peut-être à leur insu encore, le don. La structure de cet ouvrage vient de là : des idées larges et des conseils pointus, des exercices didactiques et d’autres purement poétiques, des images moins pour fixer des modèles que pour donner des envies. Un côté dilettante comme une visite impromptue dans un atelier d’artiste où la conversation, les tableaux exposés ou empilés du peintre et de ses élèves sont autant de petites pointes au cœur pour faire monter le désir, le désir de la peinture.