Qu’est-ce qu’un exercice de style, et à quoi ça sert ? Sur un même sujet qui peut être très mince (cf. le thème de base des 99 exercices de style de Queneau), il s’agit de décliner des variantes qui présentent le même contenu, mais sous des apparences différentes. En peinture l’effet de répétition, comme dans d’autres formes d’art et dans la vie en général, augmente la recevabilité, la légitimité, la consistance de la chose répétée. Même une abstraction passe-partout peut acquérir ainsi de la présence. Si l’art contemporain a usé et abusé du procédé (cf. Viallat.) cela n’interdit pas d’y recourir.
Dans l’exemple 1 (diptyque d’Agnès Steeg), le panneau de gauche est issu de la technique du « splashe », puis cette forme brute est affinée par un travail précis au pinceau pour jouer du contraste énergie / délicatesse. Le panneau de droite est la réinterprétation de cette première composition avec le parti pris d’une seconde opposition frontale : éclaboussures et courbes se transforment en lignes droites ou brisées. Ces oppositions successives s’appuient sur la même mise en place générale, et les mêmes couleurs, pour que chaque panneau voie son caractère renforcé par sa relation contradictoire avec l’autre.
Ci-dessous, diptyque d'Agnès Steeg
Dans l’exemple 2 (polyptyque de Giuco, ci-dessous) c’est une « graine de peinture » qui ne connaît pas moins de 8 variations en s’inspirant d’une série de propositions techniques purement matiéristes (voir l’énoncé de ces propositions). Sur cette base terre à terre, le résultat est pourtant une petite mélodie visuelle aussi simple que poétique.
Autres exercices sur des thèmes voisins :
8. Décomposez, recomposez - 38. Peinture-île, peintre explorateur - 39. Alphabet végétal et minéral
Ci-dessous, Polyptyque de Giuco