La prudence n'a qu'un défaut : elle est l'ennemie de l'élan.
Il y a des moments pour élaborer des peintures complexes, constituées d’assemblages savants de formes, de matières et de nuances. On avance alors prudemment, parfois trop prudemment. Et il y a d’autres moments où la force de la peinture vient d’ailleurs : un schéma de composition minimaliste, très peu de couleurs. Puis, sur ce schéma, des nuances sont apportées mais sans briser l’élan initial. Dans la première peinture ci-dessous (Jacqueline Putatti) quelques papiers sont collés puis arrachés dans un mouvement en forme de vague, et quelques traits noirs discontinus, effilés, soulignent ce mouvement sans l’enfermer. Pour bien réussir une telle peinture, il suffit d’imaginer tout ce que l’auteur a su ne pas rajouter.
Pour la seconde peinture (Lucienne Cywier), une association de trois techniques est mise en œuvre : un fond d’acrylique noir est brossé avec un spalter dans le sens du mouvement général. Sur ce fond sec, des papiers blancs sont collés puis arrachés. Une impression monotype de peinture blanche est ensuite ajoutée, appliquée dans le même sens que le fond noir, suivie d’un délavage. Ces trois techniques combinées (papiers collés-arrachés, monotype et délavage) étant par nature pleines d’énergie physique et gestuelle, transmettent cette énergie sur le plan visuel. Mais il est indispensable de bien doser chaque action, en temps et en quantité de matière. Là aussi, ne pas trop en faire.