Le ciel est immatériel, et la peinture est matérielle. Passer de l’un à l’autre suppose un certain pouvoir d’abstraction. Quand on peint un ciel, on peut en effet se demander par quelle magie un carré de toile ou de papier avec des pigments dessus peut nous amener, nous élever à l’idée de ciel. Un oiseau se posant devant une peinture représentant un ciel ne la voit pas comme un ciel «Ceci n’est pas un ciel» devrait-il même se dire s’il pouvait paraphraser Magritte. En effet, ce n’est pas un ciel, c’est une peinture. Avec les variations infinies des formes de nuages, des couleurs du levant ou du couchant, des éclairages d’hiver et d’été, de soleil ou de pluie, d’avant ou d’après l’orage, le ciel n’en finit pas de changer de forme et de couleur, et pourtant c’est toujours le ciel. Un peintre pourrait faire mille peintures différentes avec le même sujet, et se faire passer pour un peintre abstrait, en ne représentant scrupuleusement que ce qu’il a au-dessus de sa tête sans rien inventer.
Le monde nous gratifie de peu de chose à présent, il semble n'être que vacarme et angoisse ; cependant l'herbe et les arbres continuent de pousser. Et même si un jour la terre entière est recouverte de blocs de béton, le grand ballet des nuages se poursuivra dans le ciel ; ici et là des hommes continueront d'ouvrir grâce à leur art la porte d'accès au divin.
Petits nuages de beau temps, lourds cumulo-nimbus, nuages d’orage, nuages au lever du soleil…
Peindre des nuages en s’inspirant moins des nuages réels, que des nuages dans la peinture : Ruysdael, Turner, Manet, Van Gogh, pop art, art naïf… S’inspirer aussi des nuages rendus en gravure.
Et s’inspirer des techniques de peintures que vous pratiquez (lavis, essuyages, délavages, tamponnages, dégradés, monotypes, empreintes) pour exprimer cette rencontre entre le flou et le dessiné qui caractérise chaque nuage.
Marie-Christine Schmitt - 2 compositions
Sylvie Sciancalepore - 5 compositions